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L’Etat se prend un vent en Bretagne

La source d’informations quotidiennes sur l’énergie et le climat en France.
Par AUDE LE GENTIL
Avec NICOLAS CAMUT et ARTHUR NAZARET
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— Eolien offshore : l’Etat passe la seconde (offre) en Sud Bretagne
— Vermilion veut pomper le pétrole de l’Essonne jusqu’au bout
— La filière hydrogène veut que l’Etat accélère sur les transports
Bonjour à toutes et à tous, nous sommes vendredi 3 mai.
L’ETAT SE PREND UN VENT. “Le gouvernement va enclencher une procédure de sanction”, confie une source ministérielle, remontée contre le lauréat de l’appel d’offre pour un parc éolien flottant de 250 mégawatts qui sera installé au large de Belle-Ile-en-Mer. Son crime : avoir fait faux bond, en décidant de ne pas remettre la garantie bancaire nécessaire, comme le rapportent Les Echos.
Par deux fois, l’Etat a retardé l’annonce du lauréat — très attendue car c’est le premier appel d’offre commercial pour de l’éolien flottant. Ces volte-faces ont nourri bien des spéculations. Certains espéraient que Bruno Le Maire donne le nom de l’heureux gagnant depuis Saint-Nazaire mais le mystère durera encore “quelques jours”, a déminé le ministre de l’Economie.
“Une seconde entreprise a été désignée lauréate. Sa nomination interviendra au dépôt de garantie bancaire”, précise Bercy. Une désignation qui doit d’abord recevoir l’assentiment de la Commission de régulation de l’énergie, à en croire le cahier des charges ; demande d’avis qui n’a pas encore été effectuée à l’heure où nous bouclons.
LA LISTE DE SES ENNUIS. Les régions regrettent de ne pas avoir “été associées en amont” à la définition d’une stratégie nationale sur l’éolien en mer et elles le font savoir dans un courrier à Bruno Le Maire et Christophe Béchu. Carole Delga a pris son plus beau stylo – ou plutôt son plus beau mulot – pour envoyer aux ministres un courrier début avril.
Des sous. La présidente de la région Occitanie demande, entre autres, plus d’argent pour la transformation des ports alors que les régions y portent “l’essentiel des investissements”. Et propose “l’ouverture d’une discussion” sur la répartition de la fiscalité.
Comme un Lego. La présidente des régions de France plaide aussi pour revoir la pondération du critère prix dans les cahiers des charges des appels d’offres. Il compte aujourd’hui pour au moins 70% de la note, et pousse certains consortiums à s’approvisionner en Chine. “On n’a pas vocation à faire que de l’assemblage et à devenir la patrie du Lego”, alerte un élu régional impliqué dans ces questions. 
Pas associées mais entendues, les régions se consoleront peut-être avec les annonces de Bruno Le Maire, qui renvoie à “un prochain projet de loi de finances” sur la fiscalité des parcs éoliens offshore. Et qui a promis de mettre en place un critère de “50% de contenu européen” pour les projets énergétiques, en s’appuyant sur le Net Zero Industry Act européen et de “durcir” le critère carbone.
COUCI-COUÇA. La filière est diversement réjouie par l’ensemble des annonces de Bruno Le Maire d’hier à Saint-Nazaire (résumées ici). Le Syndicat des énergies renouvelables a félicité le ministre, déclarant qu’il “donne les moyens de rejoindre les meilleurs dans la course à l’éolien en mer”. Un autre acteur, déçu, s’inquiétait que “la mise en œuvre du NZIA fasse perdre six mois sur les appels d’offres en cours…” Un dernier déplorait encore des mesures “réchauffées”.
A 15 heures, présentation en Conseil des ministres du projet de loi sur l’offre de logements abordables.
A 17 heures 30, entretien entre le ministre Roland Lescure et l’économiste Jean Pisani-Ferry, président de l’Institut de l’économie pour le climat.
Samedi à 15 heures, rassemblement à Itteville, dans l’Essonne, contre la prolongation de la concession d’hydrocarbures exploitée par Vermilion.
L’HUILE SUR LE FEU. En plus des nouveaux forages contestés en Gironde, d’autres puits pétroliers nourrissent une opposition en France : demain, les écologistes de l’Essonne appellent au rassemblement contre la prolongation de la concession d’hydrocarbures d’Itteville, qui expire cette année. Dans les deux cas, c’est l’entreprise Vermilion qui est à la manœuvre.
Jusqu’au dernier litre. Le groupe canadien a déposé il y a trois ans une demande de renouvellement pour continuer d’extraire du pétrole des sous-sols franciliens jusqu’au 1er janvier 2040. Soit la date limite pour exploiter des hydrocarbures en France depuis la loi Hulot. Le choix reviendra au préfet, après les résultats de l’enquête publique.
Un “non-sens”, dénonce la mairie d’Itteville (DVG), seule des douze communes concernées à s’opposer au renouvellement (elle en fait même des vidéos sur TikTok). “Cette concession ne produit quasiment plus de pétrole, elle ne rapporte qu’environ 20 000 euros par an à la commune et aucun emploi, argumente la première adjointe, Laetitia Colonna. Le jeu n’en vaut pas la chandelle au regard du risque d’accidents, en plein parc national.” Elle s’interroge sur les motivations pour garder ce gisement en fin de vie.
Vermilion se défend auprès de votre infolettre en assurant que 1) il y aura toujours une demande de pétrole en France en 2040 ; 2) l’environnement et les ressources en eau sont respectés ; 3) il faut conserver une expertise pour préparer la reconversion. La piste du stockage de CO2, par exemple, est avancée.
MOBILIT’HY. Cinq mois déjà que le gouvernement a dévoilé les grandes lignes de sa stratégie nationale sur l’hydrogène. Depuis, la filière attend la version finale, promise par Bercy “avant l’été”. Et demande à enclencher la vitesse supérieure sur les transports, quand l’exécutif assume d’être plus sélectif, ce que je vous raconte ici.
Coup de frein. Ce document est très attendu pour redonner du souffle à une industrie un peu fragilisée. Plusieurs annonces ont jeté un froid, comme celle d’Engie, qui reporte ses objectifs de cinq ans ou la ville de Pau qui fait marche arrière sur les bus à hydrogène. L’hydrogène vert est à un “stade embryonnaire” et la technologie des électrolyseurs est “assez immature”, a tranché ce week-end Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies.
Rien d’anormal pour une filière naissante, rappellent les différents acteurs. Mais il y a quand même de la fébrilité dans l’air.
Côté gouvernement, la stratégie privilégie les débouchés industriels puis les transports. Mais seulement ceux pour lesquels les véhicules électriques ne tiennent pas encore la route. Autrement dit, les usages ayant besoin d’autonomie, de puissance et de recharge rapide, comme certains poids-lourds, taxis, engins de chantier… Ce n’est pas assez pour les différents acteurs. Tout les détails sont dans mon article.
TROU D’AIR POUR LES E-CARBURANTS. La filière des carburants de synthèse, fabriqués à partir d’hydrogène, encore balbutiante, en appelle au gouvernement. Elle se voit comme un levier pour décarboner avions, paquebots, et avions. “Il faut du volontarisme de l’Etat pour que les industriels se lancent”, plaide Fanny Pointet, de l’ONG Transport & Environnement, regrettant que le sujet n’occupe que quelques lignes dans la stratégie nationale.
Pour carburer à l’hydrogène, l’ONG a adressé un courrier aux ministres Bruno Le Maire, Christophe Béchu et Roland Lescure, avec deux lobbies du secteur, demandant notamment que ces carburants soient intégrés à la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie.
Faut pas rêver. Reste que l’avion à l’hydrogène n’est pas pour tout de suite, comme l’explique dans cet article mon collègue Tommaso Lecca, qui détaille les cinq défis à relever.
PÉNALITÉS PLEIN GAZ. L’UE se prépare à sanctionner le secteur du gaz russe pour la première fois depuis le début de l’offensive du Kremlin en Ukraine, selon deux diplomates européens interrogés par mon collègue bruxellois Victor Jack. 
La Commission européenne doit présenter aujourd’hui aux Etats membres un quatorzième paquet de sanctions contre la Russie, qui inclut l’interdiction pour les ports européens où les cargos russes transbordent du gaz naturel liquéfié russe (GNL) de ré-exporter celui-ci vers d’autres pays, selon plusieurs esquisses du texte que POLITICO a pu consulter.
Le français Elengy, filiale de GRTgaz qui exploite trois terminaux méthaniers dans l’Hexagone, ferait partie des principales entreprises touchées par ces sanctions. Celles-ci concerneraient 28% des profits que tire la Russie des ventes de GNL vers l’Union européenne. Victor Jack, Gabriel Gavin et Giovanna Coi vous en disent plus ici.
— L’Europe décroche sur le marché des biocarburants, au point que la Cour des comptes européenne pointe l’écart entre les soutiens publics et la réalité de la production. Décryptage dans Les Echos.
— Le réchauffement climatique va nous priver de sport : Usbek & Rica s’est demandé comment les athlètes adaptent leur entraînement et comment les fédérations changent les règles.
— Rien n’est simple avec la création du fonds onusien sur les pertes et dommages. Les membres du conseil d’administration peinent même à s’accorder sur un nom, raconte POLITICO outre-Atlantique.
Un grand merci à notre éditeur Alexandre Léchenet.

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